Nissé : repenser la lingerie féminine

Nissé : repenser la lingerie féminine

Imane Do Vale (promo 14) a débuté dans la finance et le conseil avant de changer de voie en développant Nissé. Son ambition : créer une marque de lingerie éthique, durable et respectueuse de la santé des femmes. La première collection, fabriquée en France à partir de fibres de ricin, a été lancée en juin 2023. 

Propos recueillis par Maïna Marjany et Anna Riolacci

Qu’est-ce qui vous a conduite à vous lancer dans l’entrepreneuriat ? Et pourquoi un projet dans la mode ? 

Imane Do Vale (promo 14), fondatrice de la marque de lingerie Nissé. (DR)

Je baigne dans l’univers entrepreneurial depuis toute petite. Mes parents avaient monté leur entreprise familiale qu’ils ont gardée près de 20 ans et dans laquelle je donnais un coup de main le week-end. J’ai toujours su que j’allais prendre le même chemin, sans savoir quand ni comment. Très tôt, j’ai été encouragée à entreprendre, à créer et à me dépasser, mais c’est l’arrivée de mon premier enfant qui a agi comme un catalyseur. 

La mode est l’une de mes toutes premières passions, j’ai eu envie de mettre ma créativité, ma vision et mon goût pour le challenge au service du bien-être d’autres femmes. 

Quel est le concept de votre marque ? Comment se distingue-t-elle des autres enseignes de lingerie ou de mode responsable ?

L’ambition de Nissé est de remettre la femme au cœur du processus créatif, de la sublimer tout en respectant son corps et sa santé. Nous y sommes très peu sensibilisées, mais les femmes, pour des raisons biologiques et physiologiques, sont plus vulnérables aux substances chimiques nocives retrouvées dans les textiles. C’est davantage le cas dans la lingerie, qui est en contact direct avec la peau.

Cette prise de conscience m’a poussée à porter une attention particulière au choix et à l’origine des matières. Aujourd’hui, je travaille uniquement avec des fibres européennes et certifiées saines pour la santé des femmes. La collection « Essentielle » réconcilie santé, confort et esthétique. Elle est le fruit d’une étroite collaboration avec près de 600 femmes avec qui j’ai pu échanger pour comprendre leurs besoins et leurs attentes.

Vous avez choisi la fibre de ricin pour produire votre collection. C’est une plante qu’on connaît surtout pour son huile, plus rarement pour son tissu. Pourquoi cette matière ?

Dans mon processus créatif, tout part de la matière : je suis constamment à la recherche de matériaux innovants, durables et performants, sans négliger la désirabilité et le design du produit. Il m’a fallu rencontrer une centaine de fournisseurs et participer à une dizaine de salons textiles pour trouver les bonnes matières. 

La fibre de ricin coche toutes les cases de mon cahier des charges : elle provient d’une ressource naturelle, renouvelable et biodégradable. Le ricin est cultivé avec très peu d’eau et sans intrants chimiques. C’est une fibre qui s’adapte particulièrement bien à l’univers de la lingerie : elle est douce, légère, naturellement hypoallergénique, anti-odeurs et elle n’absorbe pas l’humidité.

Est-il difficile de maintenir un cahier des charges rigoureux et de contrôler l’ensemble de la chaîne de production dans ce marché si concurrentiel ? 

Le processus de fabrication d’un vêtement dans l’industrie textile est jalonné d’étapes (culture de la matière, transformation en fil, tissage, ennoblissements…) souvent réalisées dans différents pays. La traçabilité devient alors un casse-tête quand on se trouve en bout de chaîne. Pour limiter mon impact environnemental et sociétal, je travaille uniquement avec des fournisseurs européens dont les matières sont certifiées saines pour la santé des femmes. Enfin, j’ai fait le choix de la proximité avec l’atelier Chantelle, à Épernay, reconnu pour son savoir-faire d’excellence. 

Quels sont vos projets pour l’avenir de Nissé ? 

Avant de diversifier la marque, je souhaite consolider son expertise lingerie pour répondre aux attentes des femmes. Je travaille sur une collection spécifique au bonnet E+, une demande récurrente lors des échanges avec ma communauté et à laquelle il me tient à cœur de répondre. À terme, l’e-shop sera complété par une présence physique, indispensable pour aller à la rencontre des femmes, comprendre leurs besoins et nourrir ma créativité. Je serai d’ailleurs présente au Salon international de la lingerie qui se déroulera du 20 au 22 janvier 2024 à Paris (Porte de Versailles). 



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